Pourquoi les jeunes mamans sont de moins en moins nombreuses à allaiter ?

Toutes les mamans qui l’ont vécu pourront l’affirmer : l’allaitement est une expérience formidable, qui tisse les premiers liens de la mère avec son enfant. Cependant, de nombreuses femmes choisissent d’écourter la période d’allaitement ou refusent carrément de donner le sein à leur bébé.

Des conditions médicales peuvent rendre l’allaitement impossible

Ce n’est pas toujours systématique, mais une chirurgie mammaire est susceptible d’empêcher tout allaitement futur. Un lifting seins par exemple peut induire une section des canaux lactifères, ce qui compromet les chances d’allaitement de la patiente. Toutefois, ce genre de complications ne survient que lorsque la ptôse mammaire est très importante, ou qu’elle s’accompagne d’un repositionnement de l’aréole et du mamelon. D’autres conditions médicales, comme les maladies infectieuses (malaria, sida…) ou un grave dysfonctionnement hormonal peuvent être un frein à l’allaitement.

Elles réclament le droit de disposer de leur corps

Face à ces contraintes médicales, plusieurs mamans doivent renoncer à l’allaitement. Mais d’autres agissent de leur plein gré en refusant de nourrir leurs enfants au sein. En effet, certaines femmes à la santé fragile craignent les effets de l’allaitement sur leur corps : affaiblissement, fatigue, perte de tonicité… De même, plusieurs mères redoutent les conséquences négatives que peut avoir l’allaitement sur les seins, comme les crevasses, les mastites ou les mamelons douloureux. D’autres femmes rechignent à l’idée de cantonner une zone aussi intime et érogène de leur corps à un simple rôle de « garde-manger » pour le bébé. Par ailleurs, le caractère imprévisible de la tétée, synonyme de sommeil perturbé voire d’insomnie pour la maman, peut aussi être un frein à l’allaitement. D’autres encore évoquent des raisons professionnelles, des problèmes d’organisation, et un mauvais retentissement sur la vie sexuelle. Refusant de se soumettre aux diktats de la société, ces femmes qui refusent d’allaiter doivent faire face aux pressions et au discours culpabilisateurs de leurs proches, et se retrouvent à justifier leur choix en permanence.

L’allaitement est au cœur d’une guerre idéologique

La question de l’allaitement est devenue le fer de lance de la cause féminine. Il y a d’abord celles qui s’insurgent contre cet idéal maternel culpabilisant, selon lequel une bonne maman devrait donner le sein à son bébé, alors qu’une mère qui refuse d’allaiter serait une mère indigne et égoïste, qui ne se soucie pas du bien-être de son enfant.

Parallèlement, un autre mouvement fait également du bruit. Sur Instagram, la tendance est aux « brelfies » (breastfeeding selfies) : des clichés qui mettent en scène la mère en train d’allaiter. En publiant ces photos, les jeunes mamans et les militantes de l’allaitement revendiquent le droit de nourrir leurs bébés dans les espaces publics. Elles espèrent en finir avec le regard réprobateur et les remarques désobligeantes dont elles sont victimes lorsqu’elles allaitent en public.

allaitement espace public

 

Industrie des laits artificiels vs entreprises de l’aide à l’allaitement

Plusieurs recherches scientifiques affirmant les vertus du lait maternel sont secrètement financées par l’industrie de l’aide à l’allaitement (entreprises qui vendent les tire-laits, ainsi que des compléments nutritionnels pour les mamans qui allaitent…). D’un autre côté, les magnats de l’alimentation pour bébé dépensent des milliards pour des campagnes de marketing qui scandent les bienfaits du lait artificiel. Difficile pour les mères de faire un choix réfléchi au milieu de cette guerre d’influence.

Quelles que soient les motivations de la maman, allaiter au sein ou au biberon reste un choix personnel. Une telle décision est à prendre après mûre réflexion, loin de la culpabilisation collective et des discours moralisateurs.